Un candidat ne doit pas l’oublier : il sera d’ici 5 à 10 ans un « manager », c’est-à-dire qu’il aura des responsabilités au sein d’une équipe. Car non, et il faut bien commencer par cela, « manager » n’est pas un métier et ne peut donc pas constituer un projet professionnel.
Bien qu’il ait encore du temps devant lui pour appréhender ce rôle, un candidat doit montrer qu’il a déjà identifié quelques unes des compétences ou comportements qui peuvent caractériser un bon manager. Il montrera ainsi qu’il a une vision réaliste de l’entreprise.
Faites le lien avec vous
Toute question est un prétexte pour le jury pour en apprendre un peu plus sur le candidat. En donnant quelques qualités qui caractérisent pour lui un bon manager, il pourra citer des qualités qui sont également les siennes. Il pourra ainsi tendre une perche aux jurys sur ses propres qualités, qu’il illustrera par des expériences passées (nos lecteurs assidus reconnaîtront le fameux passé-présent-futur).
Attention cependant à ne pas trop en faire et laisser penser maladroitement au jury qu’il pense déjà être un bon manager… ce n’est pas si évident que cela !
Trouver un « savoir-être »
Et c’est bien là que se trouve la raison d’être des entretiens de motivation, épreuve reine des concours : recruter des étudiants en essayant de repérer leur « savoir-être » et potentiel d’adaptation aux exigences (mutantes, je vous l’accorde) des entreprises. Nous, membres de jurys, avons pour mission d’analyser chez le candidat son recul sur ses expériences passées ainsi que sa capacité à se projeter dans le futur (école et entreprise) par la qualité de ses recherches. C’est à partir de ces deux éléments que nous pourrons juger de la maturité de son discours et sa capacité à s’insérer convenablement et durablement non seulement dans la vie de l’école (elle ne durera que 4 ans en moyenne), mais surtout dans la vie active. Capacité à travailler en groupe, sens de l’écoute, capacité à convaincre, qualités d’adaptation, mobilité physique, intérêt pour l’actualité et finesse de l’analyse (comment vouloir travailler « à l’international » sans s’intéresser à ce qui se passe dans le monde ?)… tant de critères que nous recherchons chez le candidat pour nous convaincre qu’il saura s’adapter à un environnement professionnel incertain et en constante évolution (rappelons nous cette statistique qui nous dit que 2/3 des enfants de primaire exerceront un métier qui n’existe pas encore).
Référez-vous à des moments vécus !
Forcément, le jury demandera au candidat de justifier ses réponses en argumentant. Plutôt que de donner au jury des argumentations sans fondements telles que « j’imagine qu’un manager doit (…) » ou « un manager doit forcément être (…) », le candidat aura tout intérêt à appuyer ses dires sur des situations vécues.
Et pour cela, je vous conseille de ne pas puiser uniquement dans des situations professionnelles. Un manager peut aussi être un entraineur, voire un professeur ! Le candidat, s’il justifie bien sa réponse, brillera ainsi par son originalité.
Réfléchissez à une figure d’un manager qui vous inspire
Les questionnaires d’entretien des écoles de commerce fourmillent de ce genre de questions. Ainsi, en évoquant les qualités d’un bon manager, le candidat peut aussi faire le lien avec une figure qui constitue pour lui une référence en termes de management.
Et, comme il est sérieux, il préparera aussi une fiche détaillée sur celui-ci. Il peut aussi choisir un membre de sa famille ou une connaissance… Ce n’est pas ma recommandation, mais si le candidat est inspiré et renseigné, alors cela vaudra toujours mieux que parler sans conviction d’une personnalité connue !
Attention à ne pas tomber dans une vision idyllique ou dramatique du manager
Par ailleurs, cette question est également pour le candidat une manière de montrer au jury qu’il connait ou s’est renseigné sur la vie et les prérogatives d’un manager. Ainsi, dépeindre sans nuance une situation idyllique (« il voyage beaucoup, gère ses équipes sans heurt et force l’admiration. (…) ») ou dramatique (« il est quelqu’un qui travaille souvent trop, qui reçoit et diffuse beaucoup de stress, qui dort peu (…) » pourra être perçu par le jury comme un manque de connaissance sur la vie d’entreprise. Attention donc aux discours sans nuance ou définitifs. D’ailleurs, l’expérience montrera au candidat qu’il n’existe pas UN profil type de très bon manager, et que cela dépend de beaucoup de paramètres (le contexte de l’entreprise, son équipe, les projets qu’il mène, etc…)
Enfin, voir un candidat, du haut de ses 20 ans, critiquer son ancien manager sera particulièrement mal perçu par le jury.
En conclusion, le candidat ne doit jamais oublier pourquoi il est là : pour apprendre des choses au jury sur lui. Ainsi, il doit s’efforcer de relier subtilement les qualités selon lui d’un bon manager à ses propres qualités (sans trop en faire !). De plus, il devra savoir justifier en évoquant des situations vécues ou en prenant l’exemple d’une figure managériale qui l’inspire. Dans cette question, le candidat doit finalement montrer au jury qu’il présente un potentiel et une lucidité qui lui permettra à l’avenir de remplir cette belle fonction.
Par Robin Morth, Directeur Général de PGE-PGO et membre de jurys de concours dans plusieurs écoles de commerce.