Améliorer sa concentration pendant les concours
Dans cet article, nous allons expliquer comment améliorer sa concentration.
Lorsque l’on pense à la préparation d’un concours, une certaine logistique se met en place et le candidat visualise tout ce qu’il doit entreprendre. Il sait que, parmi tous les défis à relever, sa mémoire va être mise à rude épreuve, ses capacités d’organisation vont se retrouver sous pression, ainsi en ira-t-il d’autres éléments généralement sollicités lors de la préparation d’un concours. Étrangement, les capacités de concentration sont peu interrogées et les candidats sous-estiment grandement cette qualité. Pour des facultés intellectuelles équivalentes, les personnes capables de concentration profonde réalisent les opérations en moyenne 4 fois plus vite, mémorisent de manière plus durable et gèrent mieux leur stress. Avec des retours aussi positifs, il est donc étonnant que les candidats aux concours ne se soient pas plus penchés sur la question. C’est très certainement le fait que les problèmes de concentration n’ont pas de symptômes immédiatement reconnaissables et que leurs conséquences sont trop diffuses pour établir des liens de causalité. Pourtant il est nécéssaire de savoir comment améliorer sa concentration comment nous pouvons travailler dessus et comment nous pouvons éviter la dispersion.
Les problèmes de concentration, un mal caché
L’environnement global d’un étudiant aujourd’hui se constitue d’un ensemble incroyable de distractions et de sollicitations. Plongé dans une « société du spectacle » pour reprendre les termes de Guy Debord, noyé dans « un monde de distractions » pour utiliser les mots de Jean-Philippe Lachaux, le candidat à un concours est, qu’il le veuille ou non, l’objet de nombreux stimuli qui viennent perturber sa concentration. Le principal danger pour la concentration réside dans le fait que ces stimulations sont insidieuses. Le temps moyen de concentration se situerait entre 20 et 30 minutes selon les personnes. Certaines, particulièrement douées, peuvent aller jusqu’à 45 minutes, mais quelles que soient les facultés, la concentration diminue nécessairement pour retrouver un état optimal après une pause. Mais cette concentration reste fragile : toute stimulation externe vient briser le cycle de concentration. Il faut en moyenne trois minutes pour retrouver un cycle de concentration à nouveau optimal. Des études ont montré que les personnes travaillant dans des open spaces perdent en moyenne deux heures de travail par jour en répondant aux diverses sollicitations, allant du « bonjour » aux ruminements du collègue d’à côté. S’il fallait illustrer le propos avec un phénomène courant chez les étudiants, travailler avec son téléphone portable à proximité est un véritable fléau : même en se contentant de regarder quelles notifications viennent faire vibrer le téléphone, à raison d’un regard toutes les 5 ou 10 minutes, un élève peut croire qu’il a travaillé pendant 1, 2 ou 3 heures alors qu’il n’en est absolument rien. Chaque notification et l’attention qu’on y porte viennent briser le cycle de concentration. Le cerveau voit son attention détournée. Parallèlement, des expériences en laboratoire ont montré l’impact d’un travail sur deux types d’écrans, ordinateur et téléphone, sur le fonctionnement du cerveau : celui-ci va fonctionner au ralenti en raison des multiples sollicitations et des différences de luminosité. Des opérations simples vont demander 4 fois plus de temps que nécessaire et seule la mémoire immédiate va être stimulée, la perte de temps est donc colossale. Un étudiant doit comprendre que son téléphone portable représente une menace évidente à la qualité de son travail. « Nous vivons dans une société où s’est développée une économie de la sollicitation et dont le modèle économique repose sur le fait que nous devons être devant nos téléphones portables pour pouvoir être exposé aux publicités et autres techniques de marketing. L’étudiant fait partie des cibles de cette économie. Il doit être conscient que tout est fait pour qu’il passe, pour ne pas dire perde, du temps sur son téléphone portable. »
Beaucoup d’étudiants sous-estiment également les effets pervers du multitâche. Dans Enseigner : apports des Sciences Cognitives, Nicole Boin explique aisément que mener deux tâches simultanément relève de l’impossible. Il suffit de réaliser l’expérience qui consiste à réaliser des séries d’opérations mathématiques simples tout en récitant l’alphabet pour s’en rendre compte. La double tâche donne l’illusion de l’efficacité alors qu’elle ne mobilise en réalité que la mémoire immédiate. Les capacités de conceptualisation, importante dans la mémorisation à long terme, ne sont pas du tout sollicitées. Si on ajoute à cela toutes les pollutions distractives qui entourent un étudiant, la capacité de concentration réelle risque d’être fortement diminuée. Un phénomène particulier réside dans la combinaison du phénomène de multitâche et de stress lié au concours. Mis dans une posture délicate dans le cadre de la gestion de son calendrier, un étudiant va générer un certain niveau de stress. Il va alors s’employer à se donner l’illusion de travailler pour se rassurer. Il va tenter d’atteindre un haut niveau de productivité qui n’est souvent pas compatible avec un travail de qualité. « A l’approche des épreuves, je vois très souvent les élèves déployer une énergie importante pour finaliser leurs dernières révisions. Je les voyais surtout en manque d’efficacité réelle. Il y avait une certaine productivité, par obligation au vu du calendrier, mais la capacité à faire face à la charge de travail ne correspondait pas à un travail intellectuel de fond qui soit de qualité. Il me suffisait de poser quelques questions transversales simples pour confirmer mon observation », confie Alexandre NOCART. Il convient de trouver un équilibre entre productivité et travail de qualité, ce qui réclame de solides qualités d’organisation et une capacité à se mettre en situation de concentration profonde. Il faut donc plutôt concentrer sur énergie sur une tâche précise plutôt que de se disperser dans plusieurs tâches en même temps.
Retrouver de la concentration profonde pour être plus efficace
Attention et concentration sont intimement liées et s’il est une chose certaine, c’est qu’elles se dispersent très vite, mais l’étudiant doit être convaincu que savoir travailler avec un haut niveau de concentration lui sera plus que salutaire.
Ce qu’on appelle concentration profonde est l’activité cérébrale absolue qui permet d’utiliser pleinement toutes ses capacités cognitives, pour extraire toute la valeur de ces capacités et améliorer son savoir-faire. C’est une qualité rare qui est au cœur de nombreux ouvrages sur l’amélioration des conditions de travail dans les entreprises, à l’image du livre de Cal Newport, Deep Work, mais qui est parfois oubliée des interrogations autours des études ou de la préparation de concours, au profit d’interrogation sur la mémoire ou l’organisation.
Premier conseil : bien comprendre ce qu’est la concentration profonde. Réaliser une fiche de cours, même en étant très concentré ne relève pas de la concentration profonde : il s’agit d’une opération mécanique de résumé ou de mise en page d’un cours existant. Même si le travail de fichage peut être utile à la mémoire, il reste un travail superficiel sur le plan intellectuel. Réaliser une carte mentale, transformer un cours en dessin c’est-à-dire passer du verbal au non verbal relèvent déjà plus du travail en profondeur. Le travail en profondeur va monopoliser de nombreux processus, objectifs et facultés : concentration, réflexion, attention, qualité, valeur ajoutée, épanouissement…
Deuxième conseil : bien gérer ses pauses. « C’est un aspect essentiel lorsque l’on fait cours, explique Alexandre NOCART. On ne peut pas maintenir l’attention des élèves en continu pendant des heures. Il faut prévoir des moments de respiration. Ceux-ci se font assez naturellement généralement : on fait un point, un rappel, une plaisanterie puis une vraie pause. Il en va de même lorsque l’on apprend, or je suis surpris que les pauses soient très mal gérées : trop longues, trop courtes, non prévues, non reposantes. Il y aurait, selon moi, deux types de pause : une rapide, une longue. La rapide dure moins de cinq minutes et peut même durer quelques secondes uniquement. Elle intervient toutes les 20 ou 30 minutes généralement. Elle constitue une bulle d’air, pour remettre de l’ordre dans ses idées et son travail, passer à la suite ou juste regarder le plafond ou par la fenêtre. La pause longue intervient au bout de deux à trois heures de travail. Elle dure une quinzaine de minutes voire peut-être un peu plus. Elle représente une véritable coupure. On en profite pour fermer les yeux, prendre l’air, mettre son cerveau au repos. Dans les deux cas, pause rapide comme longue, il s’agit d’un temps calme. Utiliser son téléphone portable ne constitue pas une pause mais une distraction, ce qu’il ne faut pas confondre : le cerveau est stimulé, il se repose en aucun cas. Je compare souvent le cerveau à un muscle : il ne viendrait à l’esprit de personne, après un marathon, de partir faire de la boxe pour récupérer, or le téléphone portable a le même type d’effet lors des fausses pauses. Il crée une illusion de repos. ». Aspect important qu’il convient de noter : les pauses doivent être prévues afin d’optimiser la vitesse de travail. Il est établi qu’on travaille mieux quand le temps est clairement limité et que la récompense, ici une pause, est identifiée à l’avance. Le cerveau se focalise sur cet objectif et son efficacité est bien plus importante.
Troisième conseil : mettre fin aux réseaux sociaux. Le téléphone portable représente une source de distraction majeure et donc un véritable danger pour la concentration profonde. Parmi les distractions, les réseaux sociaux sont une des principales raisons de consultation du téléphone portable. Le problème est sérieux mais largement sous-estimé : les notifications et autres interactions virtuelles via le téléphone portable et les réseaux sociaux stimulent le cerveau. Celui-ci va libérer de la dopamine, hormone liée au circuit du plaisir et de la récompense, or ce type de stimulation crée un phénomène d’addiction. Certains chercheurs ont remarqué que les effets du téléphone portable et des réseaux sociaux étaient similaires à ceux constatés lors de l’utilisation de machine à sous. Il est évident que l’utilisation de ces premiers nuit gravement aux capacités de concentration. Un candidat aux concours doit mettre de manière claire des règles quant à l’usage des mobiles et réseaux sociaux. En 2007, pour achever l’écriture du dernier tome des aventures de Harry Potter, J.K. Rowling s’est enfermé dans un hôtel pour être au calme. Elle avait par la suite posté un tweet, le seul en près de deux ans : “C’est bien moi, mais je crains que vous n’entendiez pas souvent parler de moi, car le papier et le stylo sont ma priorité du moment.” Exemple à suivre.
Dernier conseil : définir des objectifs clairs avec une limite de temps. Cette technique est triplement efficace car elle aide aussi bien à la concentration, à l’organisation qu’à la mémorisation. Elle suppose au préalable un travail de visualisation de l’ensemble des tâches à accomplir, par exemple toutes les matières à réviser et ce que cela implique en terme de lecture, écriture, recherches et exercices par exemple. Les tâches sont divisées en sous-tâches avec des objectifs clairs. Ainsi, “réviser l’histoire” se transforme en “Réviser la guerre Froide > Réviser la Crise des missiles de Cuba > Comprendre comment une troisième guerre mondiale aurait pu exploser > Synthétiser les pages 14 et 15 du livre B”. Avec un peu d’expérience, on estime correctement le temps nécessaire pour effectuer la tâche. Un travail similaire est effectué jusqu’à que la journée, la semaine ou le mois soit correctement occupé en fonction des objectifs. Les objectifs étant bien découpés, ils sont nombreux mais plus faciles à atteindre, ce qui est stimulant et correspondent généralement à un temps de travail qui tourne autour d’une trentaine de minutes, ce qui est parfait pour un cycle de concentration. Les effets bénéfiques sont nombreux : le travail est mieux organisé, traité efficacement et plus rapidement, offre l’avantage de donner une excellente vision d’ensemble donc une meilleure appréhension des notions transversales, impose de se connaitre et de procéder aux ajustements pour tenir les objectifs, oblige à une réflexion préalable pour définir et organiser les objectifs ce qui est une aide à la mémorisation, oblige à prioriser et aide à la gestion du stress. L’opération est hautement plus stimulante pour le cerveau qui est moins enfermé dans des tâches mécaniques de révisions, ce qui développe les capacités intellectuelles. Le temps passé à faire ce type de travail est donc très largement rentable : rien d’étonnant que ces techniques soient adoptées par les grandes figures de l’entreprenariat, à l’image des méthodes « Agile ».
Conclusion : il existe de nombreuses techniques pour retrouver de la concentration profonde. Il faut bien en prendre conscience dans un premier temps et bien préparer un terrain propice à une concentration intense. Espace de travail, rythme, hygiène de vie, méditation, respiration, sieste, relaxation, observation détaillée d’objet pour développer sa concentration, apprécier l’ennui pour habituer son cerveau aux temps de respiration… les exemples ne manquent pas en la matière mais pour construire de bonnes habitudes en terme de préparation à un concours, la première étape serait de changer une première et petite habitude pour créer rapidement un cercle vertueux de travail efficace, profondément sérieux et épanouissant. Le jeu en vaut largement la chandelle car au-delà des avantages énoncés, il faut garder à l’esprit qu’une part importante de stress sera évacuée.